Il a semblé à l'ensemble des membres de l'association que nous avions le devoir de vous en informer.
Nous
avons, ces dernières années, davantage axé notre programmation sur
des soirées théâtrales. L'humour (Duquesnoit, Chraz) ou la chanson
(Hervé Lapalud), voire la chanson humoristique (L'espoir William,
Gérard Morel) n'ont certes pas été écartés mais nous avions fait
le choix de principalement privilégier des pièces de théâtre.
C'était
un choix d'autant plus exigeant
que, dans le même temps, la plupart des scènes professionnelles
régionales consacraient une part plus importante à la chanson
française (Les pénitents à Montbrison) ou à la musique (théâtre
de Roanne), sans doute plus « porteuses » en terme de
fréquentation.
Pour
autant, le théâtre, dans sa grande diversité, nous aura permis,
plus que tout autre genre, de mieux affirmer notre démarche, qu'il
s'agisse de retrouver dans le passé proche ou lointain des
situations ou des personnages qui interpellent notre présent
(« Jeanne de Castille », « L'homme semence »,
« Isadora D. »..), de découvrir et faire découvrir des
sensibilités particulières pour aborder aujourd'hui le monde
complexe qui nous entoure (« Le jour des corneilles »,
« Déviation », « Je suis un Prophète »,
« Le sas »,...), de modestement permettre qu'affleure,
par le biais de prestations d'artistes de grande qualité, un peu de
cette humanité que manageurs et financiers s'ingénient si souvent à
nous confisquer.
Et,
malgré l'inconfort de certaines représentations – parfois on
entendait mal ou il fallait se contorsionner pour voir les acteurs -,
vous avez toujours répondu présent!
Un
beau succès que nous devons d'abord aux artistes que nous avons
accueillis et qui ont tous été partie prenante de notre démarche
en acceptant des conditions financières et techniques très en deçà
de ce dont ils disposent habituellement.
Alors,
direz-vous, où est le problème?
C'est,
vous l'aurez compris, avant tout d'une question de trésorerie dont
il s'agit.
Il
nous faut en effet remonter à l'automne 2011 pour trouver un
spectacle dont les entrées aient intégralement payé le cachet
(« Déviation » de Mouloud et Corinne Belaïdi). Malgré
une fréquentation en hausse et, encore une fois, les efforts
importants des compagnies, tous les spectacles programmés depuis se
sont avérés plus ou moins déficitaires.
Ils
le sont en général approximativement des montants des droits qu'il
convient d'acquitter auprès d'organismes de recouvrement (SACEM,
SACD) qui n'établissent aucune distinction qui puisse nous être
favorable entre les modes d'organisation des programmateurs. Ces
droits qui s'échelonnent de 120 à 150€ par spectacle sont
calculés sur la base du cachet des artistes si le spectacle est
déficitaire, sur celle des recettes encaissées si ce n'est pas le
cas (!). Ce mode de calcul rend quasiment à lui seul impossible tout
inversion de tendance au déficit! D'autant que le prix des places
intervenant également dans le mode de calcul, il devient
inenvisageable de l'augmenter, même très faiblement, pour ajuster
les recettes. Celles-ci iraient alors directement de votre poche aux
caisses des organismes en question!
Ainsi,
pour couvrir les frais liés aux spectacles, n'avons-nous pas d'autre
solution que d'arriver à rassembler, lors de chaque soirée, de 15 à
20 personnes supplémentaires notamment en améliorant les moyens
techniques et les conditions d'accueil et de confort du public. C'est
par exemple ce que nous avons essayé de faire en acquérant des
projecteurs dont la moitié a été payée par des membres de
l'association. Mais, nous en sommes bien conscients, c'est encore
très insuffisant!
Reste
alors la récurrente question des subventions. Nous avons décidé,
depuis le début de Zone Libre, de ne pas en solliciter et
n'envisageons pas de revenir sur ce principe. Ce positionnement se
veut le garant de notre indépendance vis à vis de toutes les
structures qui aujourd'hui financent bon nombre d'associations
culturelles (conseils régionaux, conseils généraux, communautés
de communes). Ces structures, en contrepartie de leur aide
financière, intègrent alors le programme de l'association
subventionnée dans une plus large programmation dont le seul
dénominateur commun repose sur l'institution qui les finance. Elles
imposent également, dans le cadre de comités de pilotage, une
« obligation de résultats » en terme de progression
rapide (en 3 ans) du nombre de spectateurs qui peut parfois conduire
à ne pas programmer certains spectacles plus exigeants ou moins
accrocheurs pour un large public.
Pour
toutes ces raisons, nous avons donc privilégié une démarche plus
« militante » de terrain, faite de nombreux contacts avec
des artistes qui partagent nos préoccupations, de rencontres
toujours renouvelées avec un public fidèle dont le nombre ne croît
qu'en fonction de la qualité de la programmation.
Dans
ce cadre, la municipalité de St Germain nous a apporté un discret
mais indéfectible soutien par le prêt gratuit de la salle de la
Madeleine et même quelques aides matérielles ponctuelles
(installation d'une scène, prêt de décors) dont nous lui sommes
reconnaissants.
Cependant,
malgré les efforts des uns et des autres, les membres de
l'association (une petite dizaine de personnes qui paient déjà
systématiquement leur place) ont dû s'employer jusque là à
combler ce manque à gagner qui s'élève en moyenne à 700€ par
saison.
L'exercice
atteint aujourd'hui ses limites, certains membres ne sont plus en
capacité de faire un tel effort et tous sont découragés par cet
état de fait.
C'est
pourquoi nous avons pris à regret la décision d'arrêter notre
programmation à l'issue du dernier spectacle de notre saison
annuelle qui se déroulera le samedi 13 avril.
L'association
ZONE LIBRE ne sera pour autant pas dissoute dans l'espoir qu'il soit
encore possible d'organiser un ou deux spectacles à l'avenir et de
vous retrouver nombreux à cette occasion.
L'équipe
de ZONE LIBRE